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Mercredi 9 décembre : Maxime arrive

Un soir Roméo apprit avec un émotion que, quelques mois plus tard, il serait l'heureux papa de celui ou de celle que - après des semaines de discussions - ils décidèrent d'appeler soit Maxime, soit Constance. Ce sera Maxime. A partir de ce moment, Roméo et Juliette prolongèrent souvent les conversations au lit, pas seulement pour tomber d'accord sur un prénom, mais aussi pour se concentrer sur l'éducation chrétienne de cet enfant qu'ils s'étaient engagés à assurer. Et d'abord, son baptême. 

Roméo, baptisé à Grenoble à un âge très tendre, comme on l'a toujours fait dans sa famille, n'imagine guère d'agir autrement pour son rejeton. Juliette, elle, a demandé le baptême à quinze ans et ne se trouve pas mal de cette expérience.

La discussion est animée, les arguments volent.

- Quand il sera grand, il décidera lui-même. C'est idiot de baptiser un bébé qui n'en a pas conscience et qui ne se souviendra jamais de ce jour. Oui, mais il renouvellera, adoles cent, les promesses de son baptême.

- Tu crois vraiment que ça lui fera quelque chose d'être baptisé ? Il sera inconscient. C'est de la magie.

- Non, ce n'est pas de la magie mais je ne sais pas te l'expliquer. Il faudra qu' on aille discuter avec le père Ouvert. Et puis le baptême, c'est peut être aussi un peu pour que nous nous engagions vis-à-vis de Dieu et de Maxime.

- D'accord pour aller chez le père Ouvert mais aussi chez M. Laccueil.

- Bien sûr !

Le père Ouvert ne fit pas de très longs discours. Roméo et Juliette retinrent que l'amour de Dieu (et le père Ouvert disait plutôt la grâce de Dieu) peut rejoindre chacun de nous quel qu'il soit, là où il est, et dans l'état où il est. Et que, pour cette raison, le baptême des tout petits enfants (que toutes les Eglises chrétiennes ont pratiqué depuis des siècles, probablement à partir des origines, même si dans l'Antiquité il devait y avoir une proportion assez forte de baptêmes d'adultes) est parfaitement compréhensible. C'est un don invisible de Dieu à Maxime et comme un appel en lui à devenir disciple de Jésus. Et c'est en même temps une invitation très ferme à Roméo et à Juliette à s'engager à faire connaître Jésus à leur enfant comme une petite graine spirituelle qui germerait en son cœur.M. Laccueil a des positions assez semblables. Roméo a perçu toutefois qu'il parlait moins volontiers d'un don de Dieu à Maxime que d'un signe accordé à ses parents. Mais - contrairement à certains de ses collègues réformés peu favorables au baptême des petits enfants - M. Laccueil déclara nettement à Juliette et à Roméo qu'ils pouvaient librement choisir de baptiser maintenant Maxime ou bien de le laisser faire cette démarche quand il serait conscient de l'enjeu, à condition, souligna avec fermeté le pasteur qu'il reçoive de ses parents l'exemple de vie et, directement ou indirectement, l'enseignement qui lui permettra de faire ce choix.

Les deux ministres étant d'accord pour conseiller de prendre le temps d'une réflexion paisible, Roméo et Juliette frappèrent à nouveau à la porte du groupe de foyers mixtes de Privas qui accepta volontiers de parler avec eux du baptême des enfants et de partager son expérience ou plutôt les expériences diverses de ses membres.

Document des Eglises 25.

Du même coup c'est aussi sur ce groupe bien vivant que compte le nouveau couple - qui peine à trouver son rythme - pour l'aider à s'insérer mieux dans les deux paroisses de la ville. Pour le moment ils aiment aller de temps en temps, tous les deux ensemble, soit au temple soit à l'église bien qu'ils n'aient pas encore résolu entre eux le "problème de la communion", comme dit Roméo.

Chaque chose en son temps! Roméo et Juliette ont besoin de souffler - et vous aussi lecteur. Laissons-les donc ici à l'orée d'un chemin encore inconnu. Nous les retrouverons peut-être un jour. Nous feront-ils part alors de leur progressive découverte mutuelle des richesses, des défauts et de la complémentarité du protestantisme et du catholicisme ? Que nous diront-ils de Maxime : aura-t-il été baptisé ? présenté à la communauté chrétienne ? laissé comme en jachère ? Je crois savoir en tout cas qu'ils auront plaisir à nous faire partager l'étonnante expérience faite lors d'un week-end à Marseille où ils furent invités à participer au mariage d'une amie dans une paroisse orthodoxe...

P.S. Ne cherchez pas cette histoire de Roméo et Juliette dans les œuvres complètes de Shakespeare : elle est d'une plume moins célèbre.

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