Clarification au sujet de la non-conversion et la communion de Frère Roger
Une mise au point à l’intention de tous ceux qui ont été pour le moins troublés par l’article paru dans le “Monde” du 5 septembre 2006 selon lequel Fr. Roger se serait “converti” au catholicisme.
Dans une interview Fr. Aloïs, le successeur de Fr. Roger, déclare que Fr. Roger ne s’est jamais “converti” formellement au catholicisme, s’il l’avait fait, il l’aurait dit, car il n’a jamais rien caché de son cheminement. En 1972, l’évêque d’Autun de l’époque, Mgr Le Bourgeois, lui a donné la communion pour la première fois tout simplement, sans lui demander d’autre profession de foi que le Credo recité lors de l’eucharistie, et qui est commun à tous les chrétiens. Cette date avait été choisie, parce que Fr. Roger s’apprêtait à recevoir l’engagement à vie du premier frère catholique de la communauté et il était impensable de ne pas communier à la même table.
Fr. Roger a accepté que, pour certains, une conversion individuelle puisse être un chemin, mais pour lui-même et pour la communauté (de Taizé), il préférait parler de "communion". Pour lui, entrer progressivement dans une pleine communion avec l''Elise catholique s''est concrétisé sur deux points qu''il n''a jamais gardé secrets: reçevoir l''eucharistie et reconnaître la nécessité d''un ministère d''unité exercé par l''évêque de Rome.
Voici la réaction du Pasteur Gill Daudé, responsable du service des relations œcuméniques de la Fédération protestante de France, suite à l’article du Monde du 6 septembre : « Frère Roger, le fondateur de Taizé, était converti au catholicisme »
Paris, le mercredi 6 septembre 2006 Source : site de la Fédération protestante de France
Respectons la mémoire de Frère Roger !
Frère Roger a plusieurs fois déclaré, et encore écrit dans son dernier livre, qu’il avait réconcilié en lui-même sans rupture sa foi réformée et la tradition catholique.
Pourrait-on respecter sa démarche et ne pas vouloir récupérer confessionnellement ce qu’il voulait dépasser ?
Des protestants veulent souvent le catholiciser ; des catholiques veulent y voir une conversion (en forme de cocorico) là où lui voyait une réconciliation, une communion sans rupture.
En catégorisant ce qu’il ne voulait pas catégoriser, cela nous évite à bon marché de nous laisser interpeller par une démarche de réconciliation qui nous dérange parce qu’elle nous appelle au déplacement. Nous ferions mieux, pour être évangélique, d’essayer d’entrer dans une telle démarche de guérison des exclusives confessionnelles.
Notre paysage chrétien et nos mentalités limitées sont tels que nous avons du mal à penser la réconciliation des deux : si l’on est catholique, on n’est plus protestant ; et si l’on est protestant, on n’est plus catholique. C’est la réalité institutionnelle et formelle de nos Eglises. C’est aussi leur péché.
Frère Roger était entré dans une démarche post-confessionnelle ou pour le dire autrement, de dépassement de ces clivages confessionnels. Cela nous paraît insolite, cela semble aller au-delà de ce que nous pouvons imaginer, mais telle était sa démarche.
Même si on ne la partage pas, la moindre des choses serait de la respecter.
Pasteur Gill Daudé, Responsable du service des relations oecuméniques de la Fédération protestante de France
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